Paul Claudel, nouvel ambassadeur, prend ses fonctions en novembre 1921 et reste au Japon jusqu'en février 1927. Cette expérience au Japon lui fait publier L'Oiseau noir dans le soleil levant(1927), le recueil de ses impressions japonaises.
Et notre étude a pour objet d'examiner les attitudes spécialement japonaises devant la vie, basées sur son oeuvre L'Oiseau noir dans le soleil; il s'agit de deux caractéristiques propres à la nation japonaise, la révérence(le respect) et la pureté.
Premièrement, pour Claudel la révérence des Japonais vient de “l'acceptation spontanée d'une supériorité inacceptable à l'intelligence, la compression de notre existence personnelle en présence du mystère qui nous entoure." Et cela nous inspire une sensation d'une présence autour de nous qui exige la cérémonie et la précaution. Et pour Claudel, ce sentiment de révérence(respect) ancré dans l'âme japonaise est basé sur le Kami, “tout ce qui en ce monde possède une vertu étrange et mystérieuse" au Kami un rituel de précaution et de cérémonie en traitant les objets soumis à ces influences s'impose; ces précautions deviennent peu à peu des traditions sacrées(The Political philosophy of modern Shintô, by Holtom); c'est là le Shintô, religion traditionelle des Japonais; donc le sentiment de révérence(respect) qui caractérise l'âme japonaise sur la religion traditionelle Shintô.
Le patriotisme propre à la nation japonaise est également basé sur le sentiment de révérence(respect) spécialement japonaise; pour Claudel, le patriotisme japonais est une communion avec leur pays, une espèce de Kami et un recueillement pénétré devant la figure qu'il leur présente.
Le sentiment de révérence(respect) profondément inscrit dans le coeur de la nation japonaise influence beaucoup sur les rapports des hummes dans leurs sociétés; pour Claudel, dans la société japonaise “tous les rapports des hommes entre eux, au sein de leur famille, dans leur clan, dans leur corporation, étaient réglés comme les rites d'une religion.”Pour Claudel, le deuxième trait essentiel à la nation japonaise est la pureté, “qui fait toute la morale shintô et qu'on ne retrouve à ce degré chez aucun peuple." En février 1927, Claudel participe aux funérailles du Yoshi-Hito, empreur japonais, comme ambassadeur extraordinaire pour les funérailles de l'empereur; la cérémonie qui met en évidence à ses yeux “la communion entre les morts et les vivants" éveille en lui l'impression de pureté; pour lui, aux funérailles, “tout était réglé avec un ordre magnifique. [...] Chaque participant s'acquitte avec autant de perfection d'un rôle dont on sent qu'il est pleinement pénétré."Parmi les Japonais, il y a Kiri, une espèce d'honneur; ils défendent leur honneur, au point qu'ils contiennent leurs larmes, leurs colères, même leurs joies; d'ailleurs quand on blesse profondément leur honneur, ils n'ont plus qu'à disparaître s'ils ne peuvent faire disparaître leur insulteur; il y a en chaque japonais “d'inviolable et de sacré qui explique les excès de l'ancien code japonais de l'honneur." Pour la nation japonaise, ‘laver' son nom déshonoré est un désir d'avoir une âme pure; c'est donc pour elle la recherche de la pureté, par laquelle le peuple japonais se caractérise, selon Claudel.