Le Paysan de Paris est un ouvrage où Louis Aragon réfléchit poétiquement, du point de vue critique, sur la modernité historique de la ville de Paris des années 1920, voire sur celle de la grande ville moderne en général. En réfléchissant d’abord sur le passage de l’Opéra, qui est un des symboles de la modernité de Paris du 19ème siècle, mais qui sera démolit en 1925, justemement pendant la période de la rédaction du Paysan de Paris, Aragon pose le problème de l’historicité de la modernité elle-même de la grande ville moderne, et en même temps de la poésie et de la littérature. D’où sa nouvelle modernité poétique urbaine du surréalisme du Paysan de Paris, qui réorganise la temporalité historique de Paris moderne entre le présent et le passé. Poétiquement parlant, le style du Paysan de Paris est une combinaison systématique du prose qui développe les analyses sociologiques des vies de Paris, et de la phrase poétique qui déploie les images surréalistes provoquées par des aspects multiples de la ville. Concernant la spécificité du style du Paysan de Paris, son procédé du collage vaut une attention particulière. Le collage du Paysan de Paris, assemblant tous les aspects réels et imaginaires de la ville moderne, concrétise son historicité même en langage et image poétique. Donc, on pourrait dire que le collage du Paysan de Paris de Louis Aragon est un système poétique de la temporalité historique de la ville moderne. La réflexion sur l’historicité de la ville moderne du Paysan de Paris depasse la dualité de la raison utilitaire entre la réalité et l’imagination poétique. En déployant une nouvelle force de l’imagination poétique, Aragon invente une nouvelle temporalité de l’Infini pour un autre avenir de la ville moderne. L’infini historique de Louis Aragon, en s’opposant à la croyance moderne aveugle en vitesse, propose un nouveau rythme urbain qui réorganise poétiquement la vitesse et la lenteur de la force de la vie moderne. À notre civilisation contemporaine de la grande ville dans le système de la vitesse digitale inconcevable de l’internet, l’imagination poétique d’une nouvelle temporalité est plus que jamais nécessaire pour penser l’infini historique de la ville.