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Durant sa vie, Marguerite Duras a fait l'experience de quelques evenements majeurs de l'histoire de la France du vingtieme siecle: la colonisation, l'occupation et la barbarie nazie, la guerre d'Algerie ou encore Mai 68.
Parmi ces evenements, le genocide juif nous semble etre un point important pour comprendre le rapport etroit qu'entretient, chez Duras, l'Histoire et sa propre histoire. Ainsi, on accede a une meilleure comprehension d'une partie de son oeuvre.
Ses textes abordent directement ou indirectement la question des Juifs. Pourtant, a ses debuts, Duras a partage le mutisme sur le genocide juif qui dominait la societe francaise d'apres-guerre. Elle-meme confie que c'est seulement a partir de son oeuvre, Detruire, dit-elle, publiee en 1969, qu'elle a commence a evoquer, dans ses textes, la question des Juifs et le genocide juif.
Cette prise de conscience tardive sur le probleme des Juifs a provoque chez elle un sentiment de culpabilite ne de son impuissance et de sa difficulte de comprendre de l'interieur, malgre ses efforts, la douleur des Juifs deportes.
Elle ecrira pourtant sur les Juifs, convaincue au contraire d'avoir a accomplir un devoir de memoire : ≪ils etaient devenus pour elle comme un devoir, une necessite de sa vie.≫ Jusqu'a la fin de sa vie, Duras impregnera ses oeuvres de la question des Juifs et du genocide juif.
La figure du Juif, dans l'oeuvre durassienne, est souvent presente, entre fiction et realite, souvenir et oubli, comme la voix de tous ces deportes, comme le temoignage de la mort sous ses diverses formes. Cette presense trouble les identites, et surtout les identifications. Comme le souligne C. Blot-Labarrere, “le Juif chez elle depend d'une mythologie, forgee a son usage propre, ou se pressent a l'envi, toponymes, patronymes, prenoms, initiales et cent autres attributs.”
Dans l'oeuvre de Duras, le Juif n'est pas l'adepte du judaisme, mais plutot la figure des victimes d'un systeme ; le Juif y exprime la solidarite avec les opprimes de tous bords. Duras cristallise sa douleur sur la figure emblematique du Juif, synthese de toute la douleur et de toutes les injustices.
Duras percoit donc une certaine similitude entre le destin des Juifs et son propre itineraire.
Les troubles de son enfance notamment y ressurgissnet. L'absense du pere, le manque d'amour maternel, le sentiment d'etrangete par rapport aux siens, la misere en Indochine etc. semblent l'avoir sensibilisee au malheur des Juifs et lui font se sentir juive.
C'est ainsi que l'on peut parler, a propos de la figure du Juif chez Duras, d'une construction d'un 'Juif imaginaire'.