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Dans Corinne, le mot de rhetorique est-il employe de maniere pejorative. Cela explique qu'il soit egalement peu employe, et surtout comme repoussoir et faire-valoir d'un ideal esthetique de naturel, d'immediatete et de verite que prone Madame de Staёl.
* Peinture, Theatre et rhetorique : L'echec de la peinture a these reside donc dans la limitation de son message et dans sa pretention a canaliser l'emotion esthetique pour lui donner une direction precise, mais necessairement reductrice. D'ou la necessite proclamee par Corinne de bien respecter la distinction entre les arts. Ainsi c'est deprecier la peinture que d'en faire l'imitatrice du theatre ou de l'histoire. La rhetorique est mensonge delibere ou inconscient; elle est le resultat d'un manque de transparence dans le rapport au langage et a l'art, alors que l'un et l'autre devraient etre les vecteurs privilegies de la verite des faits et de celle du coeur.
En theatre, Corinne insiste sur le respect du a la personnalite et a la vie d'Alfieri. Autrememt-dit, les tragedies d'Alfieri sont a celles de Racine ce que la peinture de genre, rhetorique, est a Raphaёl ou a Vinci- et elles sont justiciables des memes critiques. Alfieri, comme Voltaire dramaturge, comme les peintres de genre, se sert de l'art pour demontrer quelque chose, pour faire entendre la voix de la patrie italienne opprimee : c'est la, incontestablement, une vision rhetorique de l'art. Il est donc legitime de parler de rhetorique a propos de ces pieces, et d'utiliser, comme le fait Oswald, le champ lexical correspondant: 'escrime de la parole'. La parole, le dialogue envahit tout, puisque Alfieri refuse les coups de theatre qui feraient progresser rapidement l'action. Le theatre a these, comme sa consoeur la peinture de genre, produit un art mediocre avec d'excellentes intention.
* Conversation litteraire et tradition du dialogue philosophique dans Corinne
Le consensus, plutot que l'affrontement, est le paradigme dominant de ce debat. De plus, l'urbanite, la courtoisie ciceroniennes gouvernent ici le dialogue. Mais la condition principale du dialogue ciceronien est la volonte d'equilibre. C'est bien les Lumieres qui ont transforme le modele conversationnel un peu vide du Grand Siecle, ≪art d'agreer≫ ou chacun doit renvoyer a l'interlocuteur son reflet, en un modele dynamique, qui fait de la conversation le vehicule des idees, et le mode privilegie de leur diffusion.
Ainsi se dessine dans Corinne l'ideal d'une parole et d'une pensee pleinement libre, qui s'exerceraient independamment des etroites limites definies par la societe ou au sein d'une societe enfin delivree des prejuges et des passions partisanes - et qui permettraient a tout un chacun, homme ou femme, de faire entendre sa voix dans le concert des esprits lettres. Cet ideal, Mme de Staёl lui a deja donne un nom, bien avant la publication de Corinne : il s'agit de l'eloquence, a laquelle est consacre l'avant-dernier chapitre de De la litterature.